Épisode 2 : L'Intention véritable

    Le soleil filtrait à travers les feuilles du grand chêne, projetant sur la gloriette de marbre des ombres dansantes. Assis en cercle sur l’herbe fraîche, les cinq enfants écoutaient Élie. La veille, le Maître leur avait demandé de réfléchir à leur plus grand souhait.

Baluchon d'Anaël et feuille de chêne au pied du grand arbre, image illustrant le conte philosophique sur l'intention.


« Qui veut partager son intention ? » demanda Élie avec un sourire.


Louis-Soleil leva la main, impatient. « Moi ! Je veux une chatte. Une petite chatte grise, qui a des grands yeux qui percent comme ceux d'un hibou. Je l'appellerais Cosima. »


Élie sourit. « C’est un beau désir, Louis-Soleil. Mais demande-toi : est-ce que tu veux vraiment cette chatte, ou est-ce que tu veux l'expérience d'être aimé par elle, de la sentir se pelotonner près de toi ? »


Le garçon réfléchit. « Je... je ne sais pas. Mais elle serait belle. »


Élie se tourna alors vers Zabian, le garçon aux yeux noirs et aux cheveux de jais. Malgré ses dix ans, il était petit, presque à la même hauteur que son jeune frère. C'était un garçon incroyablement sociable, toujours entouré, mais qui cherchait constamment à plaire.


« Et toi, Zabian ? »


Zabian répondit avec assurance : « Je veux que ma mère soit fière de moi. Et je veux être le meilleur dans mon équipe de bâton et de balle. Comme ça, tout le monde m’admirera. »


Élie le regarda avec une douceur infinie. Il ramassa une feuille de chêne tombée au sol et la tendit à Zabian.


« C'est un désir très noble, mon ami. Mais pour qui le fais-tu vraiment ? Est-ce que tu essaies d'obtenir l'admiration des autres ? Ou est-ce que tu veux t'exprimer et utiliser tes propres talents pour toi-même ? »


Zabian baissa les yeux, embarrassé. Il n'avait jamais réfléchi à la distinction entre ces deux moteurs. Il comprit que la plupart de ses désirs étaient motivés par le besoin d'être vu, d'être reconnu, comme pour compenser le fait de se sentir si petit.


« Mon ami, l'Intention est le point de départ de tout, » continua Élie. « Mais elle doit être pure, elle doit venir du fond de ton cœur, pas de la peur du jugement ou du désir de plaire. Ton Moi naturel ne cherche pas l'approbation. Il cherche à s'exprimer. L'intention, c'est de trouver ce désir qui te rend vivant, sans avoir besoin de l'admiration de qui que ce soit. C'est le désir qui te rend grand, peu importe ta taille. »


Anaël, le petit timide, qui écoutait depuis le début, s'avança doucement. « C’est comme mon baluchon. Je le garde pour moi. Pas pour les autres. » Sa phrase, formulée avec une simplicité surprenante, fit sourire les autres enfants et même Élie.


Élie s'adressa à tous. « La feuille que je tiens, elle est unique. Elle ne cherche pas à être une autre feuille. Elle est ce qu'elle est. L'Intention, c'est de trouver votre propre feuille, celle qui vous ressemble et qui fait battre votre cœur. »


Il se releva et s'éloigna un peu, laissant un espace de silence s'installer, rempli seulement par le chant de la rivière. « Alors comment on sait que c’est la bonne Intention ? » demanda Zabian.


« En écoutant. Pas avec tes oreilles, mais avec ton cœur, » répondit Élie. « Fermez les yeux et ne pensez à rien. Que le silence s’installe. Quand une image ou un sentiment apparaît, sans que tu l’aies cherché, c’est le signal que l’Univers te donne. C’est le reflet de ton vrai désir. C’est ça, la vraie Intention : un écho de qui tu es vraiment. »


Le silence tomba dans le Jardin Secret. Seul le bruissement de la rivière et le chant des oiseaux se faisaient entendre. Les enfants fermèrent les yeux, cherchant à se connecter à la vérité qui résidait en eux.


 

Faits & Science

 

Les concepts d'intention pure et de « Moi naturel » abordés dans cet épisode trouvent un écho dans la recherche scientifique. La psychologie humaniste, avec des figures comme Abraham Maslow et Carl Rogers, explore la réalisation de soi : l'alignement de nos actions avec nos valeurs profondes. Les études sur la motivation intrinsèque confirment que poursuivre des buts personnels, plutôt que la validation externe, mène à un plus grand bien-être.

 

Par ailleurs, des pratiques comme la pleine conscience et la méditation sont validées par les neurosciences pour leur capacité à calmer le mental et à nous reconnecter à nos désirs authentiques, loin des réactions superficielles dictées par l'environnement.

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